Andorra Trail 50k by UTMB
Depuis quelques années (13 ans maintenant), la course à pied fait partie de ma vie, plus ou moins présente selon les périodes. Après avoir couru toutes les distances raisonnables connues sur route (10km, semi, marathon), je cherchais un peu de diversité et c’est pour cette raison que j’ai expérimenté le triathlon en 2023. Mais dans le fond de ma tête, le trail a toujours été présent. Un moyen de combiner sport et découverte de paysages fabuleux. C’est donc en août 2024, en regardant le live de l’UTMB (nous reviendrons sur cette course) que je m’inscris pour un trail de 50 kilomètres en Andorre en juin 2025.

Mon passé de coureur
Pour être honnête, je ne me suis pas inscrit sans expérience à une course de 50km, ça aurait été un peu débile. Par le passé, j’avais déjà couru :
- 2018 – Foulées Pompignacaises – 12km – 150d+
- 2018 – Course des crêtes – 20km – 900d+
- 2019 – Trail des coteaux de Sadirac – 17km – 270d+
- 2024 – Trail du Bénou – 8km – 320d+
- 2025 – Trail de la Vallée d’Ossau – 25km – 1500d+
Après mon dernier trail de 25km, je me suis dit que doubler la distance (et le dénivelé) me paraissait faisable. Un pas de plus dans le monde du trail, un pas de plus vers l’ultra (sans savoir si j’en ferai un jour).
Petite anecdote, la définition d’un ultra varie énormément. Un ultra-marathon représente toute course supérieure à 42,195km. Un ultra-trail est supérieur à 80km et les vrais coureurs d’ultra estiment que c’est quand on passe une nuit dehors…
Me voici donc à la recherche d’un trail de 50km, dans les Pyrénées, pour éviter trop de déplacement, et plutôt en début de saison (juin). Je n’aime pas avoir mon pic d’entraînement (généralement quelques semaines avant la course) en été et je déteste courir sous un soleil de plomb. Et je découvre donc deux courses : Trail Andorra 100 by UTMB 🇦🇩 et HOKA Val d’Aran by UTMB 🇪🇸.
Le profil, la date et le fait que je ne connaisse pas la principauté d’Andorre me poussent à choisir cette course.
Présentation de la course
Trail Andorra 100 by UTMB est donc un week-end de courses de trail (de 10km à 105km) depuis la ville d’Ordino le 14 juin 2025. By UTMB signifie que la course est organisée par UTMB, ce qui signifie plusieurs choses :
- l’inscription est chère (89€ + 11€ d’assurance)
- la course attire de nombreuses personnes et il faut s’inscrire 8-10 mois avant
- finir la course permet d’obtenir des Running Stones, ticket d’entrée pour le tirage au sort du vrai UTMB (celui du Mont Blanc) car elle fait partie des UTMB World Series Events
- l’organisation est censée être rodée
Jetons un coup d’œil au 50K. Le profil est le suivant. 3 belles montées entre 800 et 1000 mètres de dénivelé positif et une fin de parcours roulante (les 20 derniers kilomètres)
52km et 3300 mètres de dénivelé positif (et négatif) à terminer en moins de 14 heures 😅

Blessure et programme
En janvier 2024, je m’étais blessé au niveau de la cheville gauche. Une tendinopathie du tibial postérieur m’enpêchait de courir plus de 3km. J’ai été accompagné par un kiné du sport pendant 6 mois avec renforcement et reprise progressive. Cela a porté ses fruits car j’ai pu courir deux trails en 2024. Mais j’ai fais une grosse pause Juillet/Août (tout sport confondu).
Il fallait donc reprendre progressivement et c’est ce que j’ai fais. 2 séances par semaine de course et 1 séance de renforcement. Puis passage à 3 séances par semaine et 2 séances de renforcement. J’ai été assez sérieux sur la progression (1 semaine de maladie en Février)


J’utilise le site https://intervals.icu (connecté à Garmin) pour suivre la fatigue et la forme.
Puis, j’ai rejoins le programme Campus Coach. Pourquoi payer pour une préparation ? Je n’avais jamais fait de préparation trail et j’avais besoin d’être guidé dans cet exercice. Et je voulais un programme qui s’adapte aux incidents de vie (enfant malade, déplacements, …). De plus, ils ont ajouté récemment les programmes spécifiques Trail avec le support de Mathieu Blanchard. La communauté est aussi très positive, bienveillante et vous pouvez discuter de tout dans le forum.
Je vous invite à essayer (il y a des plans gratuits) car les fondateurs sont sérieux, avec des valeurs fortes (ils disent non aux gens qui veulent courir un marathon en 1 mois sans jamais avoir couru).
Matériel
Qui dit trail en montagne dit matériel obligatoire. La liste est assez longue mais paraît cohérente avec l’autonomie demandée au coureurs. Vous devez être capable de porter assistance à un autre coureur ou vous-même, de vous nourrir et hydrater régulièrement. Je vous laisse la liste complète aussi et je ferai un focus sur les 4 éléments importants pour moi.
Montre
Certains vous diront qu’une montre n’est pas nécessaire pour courir, mais soyons honnête, c’est quand même mieux et rassurant. Je cours avec Garmin depuis le début et j’ai évolué en gamme lors de mon premier triahtlon (pour gérer la partie multi sport). Aujourd’hui, j’ai une Forerunner 945 qui me comble entièrement, que ce soit au niveau fonctionnalités et batterie. Je pense que n’importe quelle montre de running qui tient 12h de batterie fera l’affaire, la cartographie étant un plus.
L’organisation mettant à disposition le parcours GPX de la course, je l’ai chargé sur ma montre, ce qui permet de connaître les détails des montées (distance, dénivelé, position dans le parcours). On pourrait penser que la cartographie est nécessaire pour ce genre d’évènement et c’est ce que je pensais avant. Mais la densité de coureurs et le balisage très bien fait font que je ne me suis jamais senti perdu et je n’ai jamais eu besoin d’ouvrir la carte.
J’ai très peu suivi la vitesse/allure pendant la course, car les montées/descentes faussent complètement cette donnée. J’ai principalement suivi le rythme cardiaque (pour ne pas exploser en montée) et la vitesse d’ascencion verticale (exprimée en mètres de dénivelé par heure). Cela permet de viser un rythme constant en montée, quelque soit la pente.

Sac d’hydratation
Avec tout le matériel obligatoire et mon envie de confort, il me fallait un sac d’hydratation d’une bonne volumétrie, aussi bien au niveau espace que quantité d’eau. J’ai un Salomon Active Skin 8 que j’adore. Il n’a pas beaucoup de poches

Bâtons
Beaucoup de coureurs utilisent aujourd’hui des bâtons. Même s’il faut apprendre à les utiliser, je trouve que ça donne un gros plus en montée (aussi bien mentalement que physiquement). Il existe aussi des gens qui courent sans bâtons, chacun fait comme il veut.
Je cours toujours avec des Raidlight Carbon qui se plient en 3 facilement pour se ranger. Je n’ai pas de carquois ou d’emplacement dans mon sac pour les ranger et je les garde dans une main quand je n’en ai pas besoin. J’ai vu beaucoup de coureurs avec des bâtons Loki (marque que je ne connaissais pas) qui ont l’air sympa avec une protection de main et une attache automatique.

Chaussures
Je courais précédemment avec des La Sportiva Akasha que je trouve très confortable mais elles commençaient à être usées. Je pense aussi que les technologies ont évolué depuis 7 ans. Je suis allé au magasin Foulées de chez moi pour trouver une nouvelle paire et le conseiller m’a fait essayer des Brooks Cascadia 18. J’ai eu l’occasion de les tester pendant 2 mois sur une dizaine de sorties longues et j’étais bien dedans.

Nutrition et Hydratation
C’est bien beau tout ce matériel, mais il ne serat à rien si vous vous arrêtez après 1 heure de course, déshydraté et le ventre vide. Abordons donc la partie nutrition et hydratation.
La course était sponsorisée par Näak et leurs produits se retrouvaient donc sur tous les ravitaillements. Deux options s’offraient à moi :
- tester leurs produits en amont pour les connaître et y être habitué. Ainsi, je peux bénéificer des ravitaillements et être en semi-autonomie
- continuer avec les produits que je connais. Mais cela signifie que je dois tout emporter dès le début dans mon sac.
J’ai pris la première option et commandé avant la course des gels, mix boissons et barres pour les tester à l’entraînement. La première fois, le mix boisson n’est pas passé mais je pense que j’avais trop bu.

Mon plan prévoit d’absorber environ 60g de glucide par heure (mix entre boisson, gel et barre) et de varier la nourriture aux ravitaillements selon l’envie. C’est la dose de glucide qui fonctionne pour moi sur le long et l’objectif est d’éviter le coup de mou, non de surperformer grâce aux glucides.
J’ai adoré le goût, la texture et l’apport des barres énergétiques et je continuerai à les utiliser. Pour le reste, je trouve que c’est très cher (2,50€ la gaufre) et que la concurrence fait de très bons produits (coucou l’ISO+ de Décathlon).
En terme d’hydratation, j’avais prévu de boire entre 500 et 600mL d’eau/boisson énergétique par heure, mais cela dépend beaucoup de la température et la météo annonce 30°C et beau soleil sur les crêtes.
Voyage
Je me suis rendu en Andorre en voiture (4 heures de route) et j’ai séjournée à l’hôtel à Andorre la Vieille (capitale pars très jolie d’Andorre). Je ne me suis pas attardé au village lorsque j’ai récupéré mon dossard (ainsi que la balise GPS) à Ordino. J’ai eu la chance de trouver un restaurant de pâtes, parfait pour une veille de course. Je prépare mon sac, relis une dernière fois le briefind de course et au lit tôt. La nuit précédant une course n’est jamais une très bonne nuit mais cela a peu d’impact sur la course.

La course
Après avoir attendu le bus en retard de 20 minutes … je suis installé au fond, sans stress et concentré sur ma course. J’essaye de visualiser une dernière fois dans ma tête le parcours et le profil. Il y a beaucoup de français et d’espagnols, certains silencieux, d’autres faisant des blagues pour détendre l’atmosphère.
J’arrive à Ordino, je dépose mon sac blanc (sac que je retrouverai en fin de course) et j’allume ma balise GPS. Je me rends sur la ligne de départ et me place à peu près aux 2/3 des coureurs. C’est généralement mon niveau et il est important de bien se placer pour ne pas gêner et ne pas être gêné quand les chemins se rétréciront.
Les dernières instructions sont données (en 3 langues) et le clapping viking commence 1 minute avant le départ (vous savez, celui des Islandais à l’euro 2016). Le départ est lancé, mais le système d’entonnoir égrène les coureurs doucement et j’active ma montre juste en passant sous l’arche.

Nous rentrons directement dans le vif du sujet avec la première montée de 1200d+ sur 10km. Ma stratégie est de faire cette montée facile, en zone 2 (zone cardiaque < 160bpm pour moi), avec les bâtons directement. C’est donc en marchant d’un pas rapide que j’entame cette montée. Comme prévu, le chemin se rétrécit et nous sommes à la queue leu leu pendant un bon moment. Je m’arrête quelques minutes au premier ravitaillement, surtout pour sortir mes lunettes de soleil et voir comment les produits sont conditionnés. L’application Live Trail m’indique que je suis 416ème au classement, et 5 minutes en avance sur mon plan.
Je continue à une allure régulière, sans éprouver de difficulté ou de douleur. La vue est belle au Col d’Ordino et il est temps d’amorcer la descente technique jusqu’à La Cortinada (prochain ravitaillement).

La descente est pentue et très technique. Beaucoup de branches, virages serrés et changements de terrain. Je joue la sécurité sur la première moitié, mais je sens que je me traîne derrière un groupe et que je peux descendre plus vite. J’enclenche la seconde, double le premier groupe, puis quelques coureurs en suivant. La vitesse est grisante mais un faux pas me rappelle vite que la moindre erreur peut m’envoyer dans le décor. Je sens que ça tape dans les muscles et les articulations et je ralentis juste avant le ravitaillement.
J’ai gagné 30 places dans cette descente et je me sens bien. Mais il est déjà 10h40 et le soleil commence à cogner. Je remplis mes flasques (500mL de boisson isotonique, 500mL d’eau), je mange bien et je repars après 9 longues minutes. Je suis à peu près dans le temps prévu de mon plan. Il y a du monde, car c’est un des deux ravitaillements où l’assistance est possible.
La prochaine montée est la plus raide de la course : 800d+ sur 3km, soit 27% de pente en moyenne. Donc, je baisse la tête et je monte, pas après pas. Tout le monde est dans la même situation et sur le même rythme. Difficile de monter sans faire aucune pause. J’ai une vitesse verticale de 600 mètres de d+ / heure, équivalente à ma première montée. À ce moment, c’est plus la chaleur qui commence à peser que des douleurs musculaires ou un manque de carburant.
Arrivé en haut de cette deuxième montée, je me joins à un groupe d’espagnol pour les 5km restants avant le refuge du Pla de l’Estany. Mes flasques sont vides et nous faisons une pause en passant un ruisseau pour tremper visage, bras et casquette.
Le refuge est magnifique, coincé au creux des montagnes avec des cascades très fines et des chevaux sauvages.

Je me pose quelques minutes à l’ombre, mange (pastèque, bonbons) et décide de remplir ma poche dorsale d’1L en plus de mes flasques. Il est 13h, il fait plus de 25 degrés et je n’ai pas envie de manquer d’eau sur les prochains segments. J’ai toujours le même classement (386ème) mais j’ai 20 minutes de retard sur mon plan. Je me dis que maintenir ce retard jusqu’à la fin ferait une belle course.
Il est temps d’attaquer la 3ème et dernière vraie montée de ce trail : 4km avec 800d+ mais un ravitaillement coupe l’effort aux 2/3. Ça joue beaucoup sur le moral. Après avoir passé quelques ponts au-dessus de cascades et cours d’eau, le sentier devient un escalier naturel géant, fait de rochers plus ou moins plats. Que c’est dur. Il faut se frayer un chemin, lire le meilleur tracé, pousser sur les jambes pour gravir ces marches de géant. Sous le soleil qui tape fort. Je m’hydrate bien, mais au moins 2 pauses sont nécessaires à l’ombre pour ne pas faire surchauffer le corps.
Vers la fin, je monte avec une allemande qui a peur de ne pas atteindre le refuge avant la barrière horaire. Je la rassure, nous avons encore 1h30 avant la barrière. Mais elle trouve cette montée interminable (elle terminera la course, 20 minutes derrière mois). Un hélicoptère de secours nous survole et nous donne une idée approximative de l’emplacement du refuge (où un coureur a sûrement abandonné sur blessure).
Arrivé au refuge, je mange et remplis à nouveau mes flasques. J’ai 1 heure de retard sur mon plan et fais une croix sur l’objectif de 10 heures de course. Je sais que je ne pourrai pas courir comme un cabri dans les descentes.
En sortant du refuge, mon pied droit se cogne sur un rocher et je m’étale à plat ventre sur l’herbe. Plus de peur que de mal, mais cela me rappelle qu’avec la fatigue, il faut être deux fois plus attentif, surtout avec les descentes qui arrivent. Je gravis le dernier sommet, très rocailleux, redescends vers le mirador solaire d’Ordino, en doublant et me faisant doubler par un français avec un bob.
La suite se résume très facilement. Je cours en descente, marche en montée et trottine à plat. Pas de douleur particulière, pas de manque de sucre ou d’énergie, juste les muscles qui n’en peuvent plus.

Quelques détails du 5ᵉ ravitaillement du col de la Botella, il y a du saucisson et ça fait vraiment du bien. J’avais sous-estimé le besoin non pas physiologique, mais mental de manger du salé. Je décide de ne pas m’arrêter plus longtemps pour manger un plat chaud, mais je prends quand même quelques minutes pour changer de chaussettes. Un autre boost pour le moral.

Je finis donc les 16 kilomètres restants tranquillement, alternant marche et course quand je le sens, toujours avec le sourire. Je sens que les autres coureurs et coureuses sont dans le même état. Nous savons que le plus dur est derrière et nous laissons porter jusqu’à la ligne d’arrivée en essayant de garder un effort constant.
Je gravis les quelques marches du dernier escalier à Ordino et je cours les 100 derniers mètres (sous les applaudissements du public) avant de passer sous l’arche d’arrivée.

Un peu déçu de la zone de repos après la course. Quasiment rien à manger et à boire, pas d’ambiance et les repas chauds sont payants. Je ne me suis pas eternisé sur place et j’ai pris la navette pour rentrer vers Andorre la Veille. Un bon repas pour récupérer les calories perdues et au lit.
Je suis fier d’avoir terminé, j’ai pris beaucoup de plaisir et je ne me suis pas blessé. L’objectif de 10h est loin mais il était ambitieux au vu de la qualité de ma préparation. Je n’ai effectué que 70% du volume planifié et j’ai manqué quelques séances clés (week-end choc ou sortie de 5 heures). Et clairement, il aurait fallu que je cours plus en montagne, sur un terrain similaire (cailloux cailloux cailloux).
Quelques chiffres :
- 49,42km (oui, un peu dégoûté de ne pas avoir passé les 50km, mais aucune envie de courir 600m de plus)
- 3543 mètres de dénivelé
- 2590 mètres d’altitude maximum (je n’avais jamais dépassé les 2400 mètres)
- 5000 calories perdues
- 62 000 pas
- 11h29 de course
- 4L de transpiration (estimation Garmin)
- 146bpm en moyenne
Pour le plaisir, voici un tracé 3d de ma course :
Et après
Le lundi a été très dur, physiquement et mentalement. Beaucoup de questionnement sur ce que mon corps a subi et sur l’intérêt de faire ce genre de course. Mais quelques jours plus tard, je regardais déjà les prochaines courses à venir et suivait la Western State en live le week-end. Je n’ai pas repris la course régulièrement et j’aimerais bien essayer d’autres sports pendant un petit moment. Puis, je trouverai un nouvel objectif et repartirai dans une préparation.
J’espère que ce retour d’expérience vous aura plus, n’hésitez pas à poser des questions en commentaire.
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